Décembre 1918. La VIIIème armée française franchit la frontière allemande pour occuper la rive gauche du Rhin. Ici tout respire le calme et l’ordre, en apparence seulement, le champ de ruines est dans les têtes et dans les rues. Vainqueurs et vaincus saisis de la même sidération tentent de contenir le désordre général ou de surnager dans l’écroulement de leur monde. Marché noir, trafics, prostitution fleurissent dans le sillage de l’occupant ; des groupes paramilitaires en attendant la revanche massacrent socialistes et ouvriers. C’est le chaos.

Paul Demas est un espion français. En dix ans il a bien cherché des synonymes des manières de dire, de mieux dire mais il doit en revenir à ce mot simple et direct : espion…. Pour le service le plus secret et le plus obscur des bureaux militaires. Et guerre terminée ou pas il y a toujours à faire pour les espions. La mission semblait simple : sous couvert d’organiser la libération des prisonniers français, il fallait repérer les voies d’invasion de l’Allemagne vaincue au cas où celle-ci rechignerait à appliquer les termes de l’armistice. Mais un détour imposé à Tranisheim, une petite ville du Palatinat va plonger Paul et son équipier Mittel au cœur de la décomposition du Reich. Un mal qui semble se propager aux militaires français. Espion ça a toujours été un sale boulot …mais à ce point-là ! Meurtres, disparitions, trafic de drogues, racket, atmosphère de guerre civile, c’est un combat douteux dans les ténèbres qu’il leur faut livrer. Du sang, du sexe et des coups tordus, ce ne serait pas le métier qui veut ça ? Paul va vivre là une aventure pleine de dangers, dans une atmosphère vénéneuse à faire vaciller sa raison. Il va croiser des brutes, des anges des canailles impossibles à reconnaitre au premier regard, qui lui raconteront leur histoire, il a un sourire si désarmant Paul. Il y rencontrera des femmes surtout. Belles, fortes, décidées, Lola, Hélène, Ulrike, Suzanne sont de celles qui marquent un homme pour toujours, un homme au demeurant déjà bien amoché. Le saut dans les ténèbres sera-t-il sans retour ?